Monsieur le président, madame la ministre, une nouvelle année arrive et le temps passe vite! Il y a quinze mois, ici même, vous nous affirmiez qu'on allait voir ce qu'on allait voir! Avec beaucoup moins d'argent, tout irait mieux! Vous vous êtes engagée à renforcer la sécurité, à ce que les trains arrivent à l'heure. Vous alliez lancer une nouvelle politique d'investissement. Vous disiez même vouloir rendre leur fierté aux cheminots.
Aujourd'hui, que constate-t-on? En matière de sécurité, vous proposez le one man car, c'est-à-dire la suppression des accompagnateurs de train. Des trains à l'heure? Poser la question, c'est malheureusement de trop nombreuses fois y répondre. D'ailleurs, aujourd'hui, combien de trains roulent-ils? Une nouvelle politique d'investissement? Le seul acte tangible aujourd'hui, c'est que vous avez supprimé le plan d'investissement. Vous avez également supprimé le Thalys wallon et vous faites également en sorte qu'il n'y ait plus de développement dans le RER wallon. La fierté des cheminots? Franchement, cela vaut-il la peine d'en parler avec vous? Pensez-vous que, du matin au soir, vous rendez leur fierté aux cheminots?
Pour faire évoluer positivement cette entreprise, il faut une dynamique positive des ressources humaines. Que constate-t-on? Une provocation permanente, une stigmatisation de votre part et de celle de membres éminents de la majorité! Quelle est la concertation sociale réelle quand, du matin au soir, on entend ces petites phrases, ces petites piques, qui mettent en exergue l'un ou l'autre article, qui jettent en pâture le labeur de travailleurs qui sont sur les rails depuis des dizaines d'années pour qu'on puisse circuler de la meilleure manière?
Au groupe socialiste, nous refusons d'entrer dans votre dynamique qui consiste à opposer sans arrêt les cheminots aux usagers du rail. Nous faisons le choix d'un service public de qualité et performant. Nous refusons également cette politique de sous-financement qui conduit à une érosion progressive du service public - la SNCB et Infrabel.
Quand la SNCB et Infrabel sont bien gérées, c'est un moteur d'économie et c'est réellement un mieux-être pour ceux qui les utilisent au quotidien.
Madame la ministre, combien d'emplois seront-ils perdus à la SNCB d'ici 2019? Le chiffre de 6 000 est avancé. Quel est votre chiffre?
Le président du parti le plus important de votre majorité a demandé la régionalisation du rail. Quelle sera votre politique en la matière? Êtes-vous chargée de transférer le rail national aux Régions?
Réponse de Jacqueline Galant
Un préavis de grève a été déposé, pour cinq jours, à la suite du vote de trois mesures visant à
augmenter la durée effective de travail sans remettre en question le régime de 36 heures ni les autres avantages sociaux relatifs à la durée du temps de travail. Il ne s'agit ni plus ni moins que de corriger des anomalies et des inadaptations à la réglementation en vigueur.
Ces deux jours de grève représentent une perte de 80 millions d'euros, des milliers de navetteurs coincés dans les files et un stress pour les étudiants.
Ma vision stratégique présentée en juillet 2015 vise à assurer un service public de qualité dans la durée, à remplir les engagements climatiques du gouvernement et à favoriser l'intermodalité.
Les objectifs sont ambitieux. Le client est aussi un contribuable, en droit d'attendre de la part de la SNCB un service de qualité et continu.
Le gouvernement n'adaptera pas son plan stratégique. Ce serait une erreur. Ma vision stratégique met un terme au gaspillage et à l'augmentation de la dette.
Stop à la sous-utilisation du réseau! Stop à l'insatisfaction du client! Le Groupe SNCB doit faire des économies par une organisation moderne du travail et une prise de conscience de l'urgence de cette mutation à tous les échelons de l'entreprise, par des choix d'investissements orientés client et par une augmentation de la productivité.
La réponse des citoyens à cette grève est un appel à la mise en place du service garanti. Celui-ci figure dans l'accord de gouvernement. Vu le contexte, nous apprécierons les modalités et le moment de sa mise en œuvre.
Le gouvernement a accepté, à la demande de la commission paritaire nationale, la désignation d'un conciliateur social avec la condition de lever le préavis de grève. Ce ne fut pas le cas, par la seule volonté syndicale. La proposition de conciliation reste valable pour les semaines à venir. Il faut d'urgence prendre des mesures qui, contrairement à ce que certains ont dit, visent à pérenniser le service public des chemins de fer belges. Les entreprises, avec l'ensemble des travailleurs, doivent relever ce défi.
A présent, nous pouvons renouer le dialogue, par respect pour les navetteurs, les étudiants et tous les citoyens de ce pays.
Réplique de Laurent Devin
Monsieur le président, madame la ministre, je souhaite d’abord remercier Mme Inez De Coninck pour son intervention et pour la ligne d’avenir qu’elle a tracée pour la politique du rail, celle qui sera suivie par vous et le gouvernement.
Aujourd’hui, nous avons bien entendu et nous ne pourrons pas dire que nous n'avons pas été prévenus: "Oui, le rail doit être régionalisé! Oui, il n'y a plus de place pour la concertation sociale. Il est temps que tout cela cesse, que ces extrémistes de gauche et ces socialistes arrêtent de parler. Vive la régionalisation! La politique nationale du rail est terminée". Madame De Coninck, je vous remercie très sincèrement d’avoir éclairé ceux qui, aujourd’hui, étaient encore dans le doute au sujet de la destinée que certains promettent à la SNCB.
J’ai une pensée pour les collègues du CD&V. J’ai vu vos têtes et vos mines! On peut deviner votre ennui, monsieur Verherstraeten, et votre embarras face à cette prise de position publique très claire de Mme De Coninck.
Lorsque l’on parle de la perte de 6 000 emplois, on doit garder son sang-froid. On doit pouvoir parler vrai. On doit pouvoir transformer les interlocuteurs sociaux en partenaires. Aujourd’hui, une fois encore, nous n’avons aucune réponse au sujet des pertes d’emploi. Nous n’avons pas de réponse de votre part au sujet de la concertation sociale, madame la ministre, mais nous en avons une de Mme De Coninck! Sincèrement, cela ne me rassure pas!