Monsieur le président, mesdames et messieurs les ministres, chers collègues, je vais commencer mon intervention, madame la ministre, en vous citant: "On constate aujourd'hui, à la suite d'études qui ont été réalisées et que j'ai demandées également pour optimiser justement les investissements et éviter les travaux inutiles, que certaines lignes ne doivent pas être mises à quatre voies." Ce sont vos propres mots que vous avez prononcés mardi devant les caméras de la RTBF. Ils faisaient écho à ce que vous aviez déclaré un peu plus tôt en commission: "Il faut exprimer des choix politiques sérieux et, pendant trop longtemps, les travaux d'infrastructure ont été déconnectés de l'offre de terrain. Ce sont les techniciens, les ingénieurs de la SNCB et d'Infrabel qui ont optimisé les investissements qui considèrent que la mise à quatre voies de toute la ligne n'est pas nécessaire." C'était clair, on ne peut plus clair.
Or, aujourd'hui, vous nous dites que l'on ne vous a pas comprise. Madame la ministre, je vous le confirme. On ne vous a pas comprise. On n'a pas compris votre position dans ce dossier. Quand je dis "on", il ne s'agit pas seulement de nous. Ce sont aussi les navetteurs, les habitants du Brabant wallon, ceux qui passent des heures matin et soir dans leur voiture, dans l'attente d'un RER. Ceux-là non plus ne vous ont pas comprise. Ils ne vous suivent pas et, surtout, ils en ont marre.
Mais, visiblement, la vérité d'un jour n'est pas celle du lendemain. Effectivement, 24 heures plus tard, hier soir, après avoir enterré le RER wallon, vous avez déclaré que cela n'a jamais été remis en cause, que cela reste la priorité, que vous allez trouver des budgets et même déposer cela sur la table du gouvernement, à moins que nous n'ayons à nouveau mal compris.
Madame la ministre, au-delà de toutes les polémiques, nous voulons aujourd'hui un engagement. Nous voulons un engagement solennel devant cette assemblée, devant l'ensemble des partis, majorité comme opposition. Nous ne voulons plus de langue de bois ni de paraphrase. Nous voulons un message clair et sans ambiguïté. Comme il vient de nous être confirmé que vous parliez au nom du gouvernement, c'est un engagement au nom du gouvernement.
Madame la ministre, vous engagez-vous, vous-même et le gouvernement, fermement et définitivement, à mettre la totalité des lignes 161 et 124 à quatre voies? Vous engagez-vous, vous-même et le gouvernement, à ce que le fédéral dégage les fonds nécessaires pour réaliser ces travaux indispensables pour la mobilité autour de Bruxelles lors du prochain ajustement budgétaire? Vous engagez-vous, vous-même et le gouvernement, fermement à ce que l'ensemble des travaux du RER, en ce compris la mise à quatre voies complète des lignes 161 et 124, soient terminés en 2025, comme vous l'aviez confirmé voici un an? Soyez claire et précise dans votre réponse et sur vos engagements, madame la ministre. Il ne tient qu'à vous que, cette fois-ci, on vous comprenne bien.
Réponse de Jacqueline Galant
La SNCB, Infrabel, les Régions, les bourgmestres, le gouvernement fédéral, nous voulons tous la création rapide d'un RER autour de Bruxelles.
Le premier ministre l’a encore répété ici-même la semaine dernière.
Mes actions renforcent chaque jour l'offre suburbaine. À aucun moment, je n'ai annoncé l'abandon du RER en Wallonie!
J’ai simplement constaté que les moyens nécessaires à l’achèvement de tous les travaux sur
les lignes 161 et 124 sont manquants depuis de nombreuses années.
Tout comme les ministres précédents, la plupart d'entre vous ne l'ignoraient pas! Pourtant, personne n'a pris ses responsabilités.
De plus, les économies budgétaires du Groupe SNCB n'ont jamais affecté le fonds RER.
Conformément à l'accord de gouvernement, j’ai accéléré la mise en exploitation du RER et j'ai lancé une véritable offre de trains S suburbains qui sera encore améliorée.
Une offre suburbaine signifie jusqu'à quatre trains par heure.
Nous avons travaillé avec la SNCB et Infrabel pour maximaliser l’offre ferroviaire suburbaine en améliorant les lignes 124 et 161. La SNCB et Infrabel concentreront ainsi leurs efforts sur certains tronçons au lieu de faire des travaux partout en même temps. Dans ce but, avec le premier ministre, nous souhaitons aussi que les lignes inachevées soient mises à quatre voies.
C'est un dossier difficile: par exemple, la procédure de demande de permis d’urbanisme doit être relancée depuis le début pour la mise à quatre voies de la ligne 124.
Deux à trois années peuvent s'écouler avant la délivrance d'un nouveau permis.
Je déposerai au gouvernement un dossier complet, technique et financier comprenant un calendrier des travaux, pour les lignes 161 et 124.
Réplique de Stéphane Crusnière
Madame la ministre, comment encore vous croire?
Aujourd'hui en séance publique, vous avez dit exactement le contraire de ce vous aviez déclaré en commission.
Cela dit, je retiens quelques aspects positifs, puisque vous confirmez la mise à quatre voies. Vous allez, mais doit-on vous croire, présenter au gouvernement un dossier technique et financier. J'espère que vous apporterez, non pas un dossier de financement, mais de solution au financement. Vu l'importance du sujet, il faut vous mettre au travail sérieusement.
Vous l'avez qualifié de difficile. C'est vrai. Au demeurant, il dure depuis longtemps. Il mérite plus de clarté dans votre chef. C'est pourquoi je vous ai écrit en demandant d'organiser une réunion d'urgence avec les élus du Brabant wallon, les experts de la SNCB, d'Infrabel et de votre cabinet pour obtenir tous les éclaircissements en ce domaine ainsi qu'un calendrier précis.
Il est grand temps, madame la ministre, de vous retrousser les manches et de vous mettre au travail!